Clair de femme
"Je descendais du taxi et la heurtai, avec ses paquets,
en ouvrant la portière : pain, oeufs, lait se répandirent sur la trottoir -
et c'est ainsi que nous nous sommes rencontrés, sous la petite pluie fine qui s'ennuyait."
Tout d'abord un grand merci à Asphodèle qui m'a prêté ce livre, vous pouvez lire son magnifique billet ici.
Ce livre participe bien évidemment au challenge (Re) lisons Romain Gary organisé par Delphine ici. J'en profite pour vous encourager à aller visiter son nouveau blog consacré à Romain Gary là.
Je ne sais pas comment ça marche pour vous, mais si je sors d'une lecture avec le sourire aux lèvres, c'est que c'est bon signe pour le livre en question. Clair de Femme est de ceux-là.
L'histoire ne prête pourtant pas vraiment à sourire, car Michel et Yannik, couple amoureux autant qu'il est possible d'aimer, va bientôt être séparé par la maladie de Yannik. La preuve de l'amour de Yannik se trouve dans ses dernières volontés, car contrairement à la mère de Peau d'Âne, qui oblige son mari à trouver une femme plus belle qu'elle, le poussant ainsi au célibat puis à l'inceste, cette femme malade souhaite que Michel retrouve l'amour.
" La plus cruelle façon de m'oublier, ce serait de ne plus aimer."
Yannik va donc mettre fin à ses souffrances durant la nuit et Michel doit partir loin d'elle, rencontrer cette femme, cette autre qui sera aussi un peu elle. Ce sera Lydia. Lydia partagera cette nuit tellement étrange qu'elle en devient hors du temps, et dont on a l'impression qu'elle a plus de leçons à donner que des années entières...
Cette nuit sera donc émaillée de rencontres et de réflexions sur la vie, sur l'amour, sur la mort. Un livre qui restera toujours un peu en moi et que je vous recommande absolument !
Un petit échantillon pris au hasard :
" Je n'avais pas la moindre chance de m'en tirer seul et la raison était bien simple : j'avais trop aimé pour être encore capable de vivre de moi-même. C'était une impossibilité absolue, organique : tout ce qui faisait de moi un homme était chez une femme. Je savais que l'on disait parfois de nous, presque sur un ton de blâme : "Ils vivent exclusivement l'un pour l'autre." J'étais attristé par l'aigreur de ces accents, leur manque de générosité et leur froide indifférence à la communauté humaine. Chaque amour heureux porte nos couleurs : il devrait avoir des millions de supporters. Notre fraternité est enrichie par tout ce qui nous éclaire. La joie d'un enfant ou la tendresse d'un couple brillent pour tous, elles sont toujours une place au soleil. Et un désespoir d'amour qui se désespère de l'amour est une bien étrange contradiction."