Rendez-vous avec un mot : rivière et désirs d'histoires
Tout d'abord, je voulais expliquer la cause du fait que je n'ai pas participé vendredi au jeu d'Olivia, car cela n'est absolument pas du à un manque d'inspiration mais juste au fait que j'ai du mal à m'aménager du temps pour écrire. Je n'écris pas depuis très longtemps, mes premiers écrits datent du mois de mai, alors avec la reprise des cours j'ai du mal à intégrer tout ça dans mon emploi du temps. Me poser pour écrire n'est pas encore pour moi un acte qui m'est devenu habituel comme cela peut l'être je suppose pour des gens qui pratiquent l'écriture depuis longtemps. Mais ne vous inquiétez pas, l'histoire des Estiviens continue je me suis trop attachée à ces petits pour les laisser tomber, et je m'amuse beaucoup en écrivant. Mais bon je me suis dit qu'il était mieux que vous sachiez pourquoi les Estiviens sont moins présents sur le blog. Du coup, cette semaine je combine les deux ateliers pour pouvoir vous proposer quand même un texte.
Bref, passons aux choses sérieuses avec le mot "rivière" proposé par Eiluned, et les mots choisis par les lecteurs du blog d'Olivia : tryptique, cheminée, biscuit, circonvolution, abbatiale, porte, masque, destinataire, hybride, douce, guignolet, lécher, désemparé, suriner, châtaigne, vache, platane, dérapage. Le tout regroupé dans un petit texte qui continue le voyage d'Ecureuil et d'Hérisson à la recherche du mystérieux fakir-tigré...
Quittant la plaine des Astres en direction du sud de l'Estivanie, Ecureuil et Hérisson marchèrent de longues journées dans les grandes plaines agricoles qui continuaient celle des Astres. Ces riches plaines combinaient différentes fonctions, qui allaient de l'élevage extensif de vaches à la récolte de châtaignes. Afin de permettre aux voyageurs de les traverser en toute quiétude, des haies de platanes gardaient les marcheurs à l'ombre et une douce brise les raffraîchissaient. Les platanes étaient plantés depuis si longtemps qu'ils culminaient désormais à une hauteur vertigineuse et leurs frondaisons n'avaient rien à envier en démesure aux voûtes des plus grandes églises abbatiales.
Nos deux aventuriers firent rapidement la route, ne s'arrêtant que pour cueillir de la nourriture afin de compléter leurs provisions de biscuits secs. Ils mangaient par exemple des guignes-au-lait, hybrides de cerises fourrées au yaourt. Ces fruits étaient si délicieux qu'ils s'en léchaient les doigts après chaque collation.
C'est ainsi qu'ils arrivèrent sur les rives de la rivière Douce, considéré comme beaucoup d'Estiviens comme la porte d'un monde inconnu. En effet, le sud du pays était considéré comme bien trop chaud pour être habitable. Ecureuil, qui jusque-là avait peu voyagé se sentit rapidement désemparé par l'immensité du paysage. Les circonvolutions de la Douce se perdaient en effet entre les Monts Susceptibles du Sud et les Monts Pénibles de l'Ouest, formant un tryptique à la fois beau et menaçant. Mais Hérisson connaissait bien le pays et savait où il pouvait trouver quelqu'un pour traverser la rivière. Son ami Charançon était bateleur dans cet endroit depuis des lustres, sans que les années qui passaient ne masquent son entrain et son amour pour le métier. Hérisson avait toute confiance en son ami et savait que sa barque ne risquait nul dérapage sur une rivière qui malgré son nom, restait un brin capricieuse. Ecureuil était plus craintif malgré ses envies d'explorations, mais il savait qu'Hérisson avait une confiance totale en Charançon, ce qui est essentiel pour tenter une telle traversée. Les trois Estiviens mirent une matinée entière à traverser la Douce, car elle était très large, même si elle était loin d'atteindre la taille impressionnante qu'elle avait lorsqu'elle se jetait dans la Mer Mielleuse. Mais cette traversée se passa sans encombres et le bateau rejoignit bientôt l'embarcadère destinataire. La flore qui se trouvait sur l'autre rive était radicalement différente de celle qu'avait quitté Ecureuil et Hérisson. Des plantes creuses formaient d'immenses cheminées, "des plantes carnivores" informa Hérisson, et suite à cette remarque, Ecureuil n'était pas rassuré, ayant peur qu'une plante ou une créature inconnue ne vienne le suriner dans le dos.
Mais ils avancèrent tant bien que mal dans ce qui ressemblait de plus en plus à une jungle et arrivèrent bientôt à la plaine de cactus où se cachait le fakir-tigré...