Jayne Mansfiel 1967
" Aux basses heures de la nuit, le 29 juin 1967,
sur un tronçon de la route US 90 qui relie la ville
de Biloxi à La Nouvelle-Orléans, une Buick Electra
225 bleue métallisé, modèle 66, se trouva engagée
dans une collision mortelle."
Dans cette biographie romancée, Simon Liberati veut nous faire partager sa fascination pour Jayne Mansfield, actrice déchue et star assumée. J'ai voulu lire ce roman à la suite du passage de l'auteur dans l'émission de Ruquier, que j'avais trouvé très intéressant, et ma bibliothèque s'est chargée de l'acquérir.
C'est un pari réussi pour l'auteur, car il parvient à nous transmettre cette fascination pour une star finalement atypique et surtout anonciatrice de toutes ces stars actuelles qui finalement ne font pas grand chose à part sortir et faire des scandales.
Le livre est très bien documenté, l'auteur allant même jusqu'à décrire l'accident qui a tué Jayne Mansfield avec une précision digne d'un travail d'enquête d'historien.
Mais au-delà de l'accident, ce sont certains passages qui m'ont marqué, et surtout m'ont mieux permis de comprendre cette soif de célébrité après laquelle courent certaines personnes, quitte à s'y perdre...
(A propos des albums dans lesquels Jayne Mansfield collecte tout les articles parus sur elles ) :
" A regarder ces albums, on comprend très vite que la carrière de Jayne Mansfield repose sur une stratégie défensive, à partir du moment où s'installe une gloire aussi grande qu'immotivée. Elle comble les vides, elle remplit son rôle (et ses albums) pour cacher son absence d'être. L'imposteur, la mythomane qu'une mère rigide et exigeante avait démasquée dès son plus jeune âge trouve dans le star system le remède à sa faille intime".
( A propos de son amant Brody et du sataniste LaVey) :
" Le romantisme est le lien entre Jayne, Brody et LaVey ; la matière même du pacte triangulaire, si pacte il y eut. La malédiction romantique, le sort mauvais lancé par un tiers, sacre le grand amour en le sauvant de la désunion. Epris de leur propre ruine, les amants ne pouvaient qu'oublier le souci, le sérieux, le travail, pour se donner corps et âme à l'angoisse et au rire."
( A propos des circonstances de l'accident, la voiture étant conduite par une personne au comportement raisonnable d'habitude) :
" Les responsabilités de l'excès de vitesse à l'origine du crash sont à chercher du côté des passagers. Une étude commandée par la bourse Llyod évoque le stress occasionné par le transport de gens célèbres sous le nom de syndrome Diana (du nom de l'ancienne princesse de Galles). Selon les experts, la notoriété de la personne embarquée aggraverait les risques d'erreur de conduite et donc d'accident. Le statut de star crée un stress endogène, indépendant des encombrements suscités par la presse ou les badauds. Sont évoqués en vrac : l'impatience, la soif d'égards communes aux célébrités, des horaires souvent tardifs et irréguliers, la présence de drogue et d'alcool dans le véhicule, un certain manque de respect de la vie humaine, ainsi que la paranoïa qui les pousse à redouter des agressions. La personne phare n'est pas la seule incriminée mais aussi l'entourage, fiancé, amis, attaché de presse, qui relaient la tension et l'aiguillonnent par leur propre émoi. L'attention du conducteur est distraite, il ne peut s'abstraire et se concentrer sur la route. Des sollicitations incessantes le poussent à la panique ou à l'imprudence. Les risques d'accident sont alors augmentés de 60 à 70%, même chez les chauffeurs de place habitués à une clientèle moins jeune et plus discrète."
Vous pouvez le voir à la lecture de ces extraits, on est bien loin d'une simple analyse du niveau d'un journal people, mais d'une véritable réflexion sur la célébrité dont Jayne Mansfield fut un cataliseur. Une vraie découverte que je vous recommande.
Comme me l'a rappelé Valérie K., ce roman participe à son challenge La Vie des Autres